Un bouvier et son zebu

Madagascar – Au pays des zébus tranquilles

Madagascar a la forme, la couleur et la fertilité d’une brique. Dans le sud-est de l’île, les Betsileo, les « nombreux invincibles », se sont adaptés aux paysages rugueux des hauts plateaux, en dégageant à la bêche de grandes terrasses pour les rizières et en plaçant le zébu au centre de leur civilisation. Immersion dans un pays à la misère insouciante où l’on affronte les problèmes à bras le corps et les taureaux à mains nues.

Andriamalaza a la goutte au nez. Le froid n’est pas le coupable. Certes, son lopin de terre se trouve à plus de 1 000 m d’altitude, mais quand on manie la pioche trois heures de rang, on finit par attraper une bonne suée. Et il en faut des coups pour arracher ces foutues souches d’eucalyptus qui encombrent son terrain. Voilà un mois qu’il joue les forçats pour en venir à bout. Le sol doit être propre avant de planter le manioc. Les souches sont entassées dans une tranchée et demain, Andriamalaza y mettra le feu avant de les recouvrir de feuilles et d’une bonne couche de terre pour assurer une combustion lente. Dans une semaine il pourra récupérer quelques centaines de kilos de charbon qu’il ira vendre au marché à raison de 2 € le sac de 50 kg. Tout le drame de Madagascar se cache derrière cette gentille scène agreste. La déforestation par l’essartage ou la culture sur brûlis, notamment le tavy qui transforme la forêt en rizière, est le principal agent de la dégradation environnementale, qui conduit elle-même au déclin économique de l’île. (…)

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Photographe : Christophe Migeon
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Écrit par
Christophe Migeon
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