Noir Brésil

Au nord-est du Brésil, dans l’État de Bahia, là où vient mourir en rouleaux rugissants la longue houle de l’Atlantique, l’Afrique, ses dieux et ses traditions frottées au bois d’ébène couvent encore comme des braises endormies sous la cendre. Ces derniers temps, un vent de progrès et de liberté a ressuscité la flamme d’un noir Brésil.

C’est vendredi. Jour du poisson chez nous autres. À Santo-Amaro, à une centaine de kilomètres au nord de Salvador, on pense plutôt à Oxala (prononcez ochala s’il vous plaît) l’une des plus grandes des divinités du candomblé. Car ce dieu de la création, souvent assimilé à Jésus, a pour habitude de venir visiter ses protégés ce jour-là, un peu comme d’autres règlent leurs affaires courantes avant de partir en week-end. Jefferson, 20 ans, vient donc tous les vendredis dans ce terreiro (un « temple » candomblé) offrir une assiette d’ignames ou de papayes à son dieu totémique, en espérant qu’il veuille bien l’honorer d’un petit coucou. Voilà seulement deux mois qu’il a été initié par le patron du terreiro, le père-de-saints Pai Pote, ce qui ne l’empêche nullement de demeurer catholique. Le candomblé, syncrétisme malin de catholicisme propre sur lui et de rites animistes africains importés dans les cales putrides des navires négriers, a longtemps permis de dissimuler les orixas, ces dieux de la nature africaine, sous les traits de saints bien catholiques. (…)

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Photographe : Christophe Migeon
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Écrit par
Christophe Migeon
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