Brive de comptoir

Des oreilles boursouflées comme un cèpe, le nez qui divague au milieu de la figure, pas de doute, cet homme accoudé au bar a joué ou joue encore au rugby. Quoi de plus naturel à Brive ! Des gaillards comme lui, on en croise quelques uns dans la vieille cité du Limousin où l’accent du midi chante déjà. Des gaillards élevés au confit d’oie, au magret de canard et au foie gras comme il se doit. Des gaillards qui sur un terrain font honneur à la réputation de bravoure acquise par Brive dès le XIVe siècle et qui lui vaut d’accoler à son nom d’origine, cet épithète qui impressionne : gaillarde. 

Il était un foie

En Corrèze, une oie dotée d’un minimum de beauté, de talent et d’ambition ne rêve pas de monter en dandinant du croupion les marches du Palais des Festivals à Cannes. Non, en Corrèze une oie de cette trempe-là, rêve d’exhiber son foie gras, ses magrets, ses manchons et ses cuisses sur un étal disposé sous la halle Georges Brassens pendant une des foires grasses qui se tiennent entre décembre et mars. Pour atteindre ce but ultime, la donzelle est prête à s’empiffrer de grains de maïs pendant une quinzaine de jours sous le regard attendri de son imprésario qui n’hésite pas à lui masser délicatement le gosier lorsqu’elle fatigue. En vérité le succès de l’entreprise repose sur leur complicité. Le jour de gloire étant venu, elle n’hésite pas à lui confier son cou afin qu’il le coupe. Je parle d’une oie mais un canard ferait la même chose. Maintenant, elle est pour ainsi dire nue, exposant à la convoitise des regards sa peau d’albâtre. (…)

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Écrit par
Albert Zadar
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