Bruxelles, je t’aime

Ceci est une déclaration d’amour au plat pays, où il est, paraît-il, des terres brûlées donnant plus de blé qu’un meilleur avril.

Voilà, c’est votre tour. C’est arrivé près de chez vous, comme c’est arrivé près de chez nous. Comment la ville qui a inventé l’attentat pâtissier peut-elle être victime d’un attentat tout court ? Attaquer la Belgique n’a aucun sens. Les bachi-bouzouks, ectoplasmes fort minables et autres fils de putes poseurs de bombes ne se posent pas la question. Car chez ces gens-là, on ne pense pas, Monsieur. On tue. Je commence à me sentir un peu las d’écrire des textes post attentats – c’est en train de devenir un genre en soi, avec ses redites tragiques, mais que veux-tu, il faut bien exprimer le chagrin pour le chasser. Et puis, tu sais bien, c’est dans les moments de deuil qu’on se rend compte qu’on a oublié de dire aux gens, aux villes, au monde, l’amour qu’on leur porte. Alors je vais me rattraper ici.

Bruxelles, j’aime tes murs colorés, ton ciel si gris qu’il faut lui pardonner, tes places gothiques et même ton Atomium. J’aime tes musées et leurs Empires des lumières qui brilleront des siècles après le passage des obscurantistes. J’aime ton Palais de justice recouvert d’échafaudages depuis des décennies, comme si tu savais que la Justice est un chantier à entretenir en permanence. Je t’aime d’avoir choisi un petit bonhomme qui pisse pour te représenter, façon de se moquer de tous ceux qui jouent à qui a la plus grosse (par exemple, c’est une tour de fer phallique haute de 324 mètres qui symbolise ma ville). Pardonne-moi, Bruxelles, si je t’aime aussi pour tes clichés. Les clichés sont rassurants, ils assurent une permanence. Ils sont un point de repère quand tout part en vrille. (…) Lire la suite dans AR32

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Écrit par
Julien Blanc-Gras

Né en 1976, Julien Blanc-Gras est un écrivain et journaliste-reporter.
Après des études de journalisme à Grenoble, il obtient un DEUG d’histoire puis une maîtrise en journalisme, puis à Hull en Angleterre.

En 2005, il publie au Diable vauvert, « Gringoland », qui conte un périple latino-américain et sera ensuite lauréat du festival du Premier Roman de Chambéry et « Talents à découvrir » des librairies Cultura.

En 2008, il publie « Comment devenir un dieu vivant », une comédie apocalyptique déjantée, puis « Touriste » en 2011, et « Géorama » en 2014.

Il a également séjourné aux îles Kiribati à l’automne 2011 pour réaliser son livre, « Paradis (avant liquidation) » (2013).

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