Centre – Val de Loire – Petites et grandes extases (7)

La Loire en gabare

Clément Sirgue se débarrasse du mégot de sa cigarette roulée. Il coupe le moteur, attend un peu que la Rabouilleuse se stabilise dans le courant puis hisse la grande voile rectangulaire. Le vent d’ouest soudain la remplit, le bateau glisse sur l’eau. Glouglou de l’eau, froufrou du vent, la Loire est à nous.
Enfin, surtout à Clément, marin d’eau salée et d’eau douce qui la fréquente depuis assez longtemps pour bien connaître ses caprices. Quant à la Rabouilleuse, c’est une vraie savonnette avec son fond plat dépourvu de dérive, mais il en faut plus pour déranger la capitaine. « C’est une gabare adaptée aux usages d’aujourd’hui. Coque en alu et habillage en bois. En mettant en service des bateaux en bois inspirés de la tradition, on embellit l’image du fleuve. On veut inciter les Ligériens à se tourner vers ce type de navire plutôt que vers des Zodiacs. Dans ce but, on propose des formations pour apprendre à naviguer sur la Loire. » Sur la rive, un castor a laissé une empreinte et du castoréum, une sécrétion huileuse très odorante avec laquelle il marque son territoire. « Tout est bon dans le castor, explique Clément. Le castoréum servait dans la parfumerie. Avec la peau, on faisait des vêtements. On mangeait la viande et la queue aussi. Comme elle est recouverte d’écailles, on pouvait s’en régaler le vendredi en l’assimilant à du poisson. Le rongeur, qui avait complètement disparu du fleuve au XIXe siècle, a été réintroduit il y a une quarantaine d’années. » Gabares et castors unis pour la Loire.
La Rabouilleuse. Rochecorbon. Indre-et-Loire. www.larabouilleuse-ecoledeloire.com

Photographe : Jeremy Suyker
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Écrit par
Albert Zadar
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