Cheval islandais - A/R Magazine voyageur 2017
Cheval islandais - A/R Magazine voyageur 2017

L’Islande en hiver : petit voyage entre amies

Il est 16h30 en Islande, la nuit tombe, la neige aussi. Au Blue Lagoon, nous barbotons dans une eau chaude couleur lait turquoise d’où s’élève une légère brume. Jeu de cache-cache au milieu des fumerolles. Sur le bord du bassin, des mottes d’une pâte blanche extraite du lagon et riche en minéraux sont laissées à disposition. Nous nous en tartinons le visage comme il est recommandé de la faire puis toujours immergées nous buvons quelques gorgées de la bière locale, la Viking. Une légère odeur d’œuf pourri chatouille nos narines mais pas de quoi s’alarmer. C’est l’eau salée dans laquelle nous faisons trempette qui a ramené des entrailles de la terre (-2000 m) ce fumet chargé de silice, de calcaire et d’algues.

Au Blue Lagoon en Islande - A/R Magazine voyageur 2017
Au Blue Lagoon

Un coup du Gulf stream

À l’arrivée sur la capitale, un rayon de lumière transperce le ciel. Une aurore boréale ? Olafur notre guide calme notre enthousiasme : « c’est la Peace light de Yoko Ono, un projecteur envoie un faisceau lumineux depuis une île dans la baie de Reykjavik». Bon tant pis, ce sera pour une autre fois. Première surprise en débarquant en Islande en hiver, il ne fait pas froid. Alors que le pays frôle le cercle polaire à 66 degrés nord, je m’attendais à un -20° C début décembre. Mais non, la température sur Reykjavik oscille entre -5°C et 5°C grâce au Gulf stream qui batifole dans les parages. On dépose les bagages dans notre appartement-hôtel dans la rue commerçante Laugavegur. Pratique. Chacune de nous a sa chambre et on peut se retrouver pour se marrer dans le salon commun. « C’est quoi cette odeur de pet de chameau ? » lance Anne-Sophie. Je viens d’ouvrir le robinet et effectivement une légère odeur de souffre s’en dégage.

Artistes et boutiques branchées

Descendre Laugavegur est un pur bonheur. Depuis une dizaine d’année, effet Björk oblige, les boutiques branchées et les créateurs éclosent par dizaines. Pas de Zara, H&M ou Gap, les grandes enseignes sont refoulées à la périphérie. Reykjavik est sans doute la dernière capitale européenne qui échappe encore à l’uniformisation des vitrines sous franchise. Plus bas en direction du port, la boutique-galerie Kirsuberjatred présente les créations sans chichis d’un collectif de dix femmes. Des pulls colorés, des bols en porcelaine, des guirlandes en feutre et plus surprenant des sacs en peau de poisson. « C’est plus résistant que le cuir, c’est local et ça ne sent pas mauvais ! » assure Arndis. Après l’épisode des eaux, ça fait du bien.

Trempette à gogo

A la piscine en Islande - A/R Magazine voyageur 2017

L’Islande étant une sorte de cocotte-minute, les Islandais se chauffent essentiellement grâce à la géothermie et pour pas très cher comme en témoigne Olafur : « J’ai un 80 m2 à Reykjavik et je paie 25 € par mois. » L’eau chaude alimente aussi les piscines et les heitt bad, les bains chauds à ciel ouverts. Pour se fondre parmi les Islandais, rien de tel. Ils s’y donnent rendez-vous pour papoter comme nous au café. Petit tour au World Class, le plus grand centre de remise en forme du pays. Dehors sous la neige, dans une piscine fumante, un couple joue aux échecs, des enfants s’amusent, des amis se détendent. Tous recherchent le chaud. Dans le hammam ou le sauna, la température monte d’un cran. On oublie un instant que l’hiver sera long. Dans un recoin, des gaillards s’envoient un seau d’eau froide sur la tête et plongent dans un bain d’eau glacée. Je n’irai pas plus loin que le haut des cuisses. Pourtant la sensation est envoûtante, la peau picote, le sang déboule à vive allure et je me sens comme enrobée de velours.

Inconstance du ciel

Prenons la peine de mettre à l’épreuve le dicton islandais qui dit « si le temps ne te plaît pas, attends cinq minutes » et pour commencer montons avec un ascenseur au sommet de la tour de l’église Hallgrimur, la point culminant de la ville. Là, fixons le ciel. Que voyons-nous ? Un défilé de nuages, de tourbillons de neige, de nappes de brouillard puis une éclaircie, tout ça en cinq minutes. Impressionnant non ? Quand le ciel est dégagé on peut apercevoir comme flottant sur la mer, le Snæfelsjökull, un volcan couvert de glace. C’est dans ce cratère éteint que Jules Verne envoie ses deux héros, le professeur Lidenbrock et son neveu Axel pour atteindre le cœur de la planète dans Voyage au centre de la terre. Pour les hindouistes, c’est l’un des sept chakras ou points d’énergie de la planète.

Histoires d’eaux en Islande

Histoires d'eau en Islande - A/R Magazine voyageur 2017
Le geyser, une grosse farce de la nature

De Reykjavik, il suffit de rouler 20 minutes pour trouver une nature intacte. Une fine couche de neige recouvre la lave avec des montagnes rugueuses au loin. Impression de rouler sur un gâteau au chocolat recouvert de sucre glace. Il est 10h30. Le soleil n’en finit plus d’essayer de se lever au dessus de l’horizon tandis que le ciel se teinte d’une couleur orange. C’est l’embarras du choix. Allons-nous partir observer les baleines ? Prendre un bus pour découvrir la péninsule de Snaefellsnes ? Descendre vers le Sud, admirer Jokulsarlon, ses cascades, ses plages noires, ses glaciers et volcans ?

Nous prenons plein est, droit vers le fameux Cercle d’Or qui abrite les lieux les plus visités de l’Islande. Le Geysir propulse des jets d’eaux brûlantes à plus de 30 m de haut toutes les 5 minutes. Une grosse farce de la nature ! Le premier viking qui est arrivé ici a dû être étonné. Plus loin, nous attend le spectacle des plus belles chutes d’eau du pays, Gullfoss. Hvita, le fleuve de couleur jaune se jette dans un canyon d’orgues basaltiques. Les abords sont recouverts d’une couche de glace impressionnante.

Le cheval islandais

Surtout ne pas le confondre avec un poney ! C’est le meilleur moyen de vexer un Islandais. Certes il est court sur pattes mais l’animal est inépuisable. Il a gardé la cinquième allure : le tölt. Une allure très stable qui permet au corps de ne pas bouger même à toute vitesse. Les vikings l’ont introduit en colonisant l’île à partir du Xe siècle. Depuis il n’y a jamais eu de mélange et toute importation de cheval est interdite. En hiver, son pelage s’épaissit ce qui lui donne un coté jouet en peluche. Idéal pour débuter l’équitation.

Décidément l’Islande est étrangement belle. Et il faut se presser d’y aller car dans quelques millions d’années, cette île n’existera plus. Elle est en effet posée sur le rift volcanique qui sépare l’Europe de l’Amérique et la faille s’écarte de quelques millimètres chaque siècle.

Pour en savoir plus sur la capitale islandaise, rendez-vous sur le site de Guide to Iceland qui propose quantité d’articles pour préparer sa visite à Reykjavik.

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Photographe : Anne-Sophie Mauffré
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Écrit par
Sandrine Mercier
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