Le « Canadien », un train d’enfer

Peut-être vaudrait-il mieux parler d’un train de sénateur, tant le « Canadien », ce tortillard légendaire qui traverse tout le Canada, depuis la région des Grands Lacs jusqu’au Pacifique, prend son temps pour rejoindre l’océan. Une croisière ferroviaire au long cours dépaysante malgré son entêtement à ne pas sortir des rails.

Quatre jours de train, est-ce bien raisonnable ? À l’heure du TGV et des Airbus A320, on est en droit de se poser la question. Pourtant, trois fois par semaine, le dernier train transcontinental du Canada reprend la route des premiers explorateurs, celle des coureurs des bois et des pionniers à chemise à carreaux, une épopée de 4 466 kilomètres à travers cinq provinces et quatre fuseaux horaires. La traversée entre Toronto et Vancouver s’effectue toujours à peu près à la vitesse des chariots bâchés (60 km/h de moyenne, sans compter la trentaine d’arrêts), mais dans le confort délicieusement vintage de voitures en Inox de 1953 dont l’éclat est consciencieusement entretenu à la brosse et à l’eau savonneuse. Avec sa trentaine de voitures attelées à deux locomotives dont une n’est là que pour fournir l’énergie électrique, cette petite ville sur rails, toute en longueur, s’étire sur près d’un kilomètre ! À Toronto sur les quais de la gare, il faut prendre son élan pour grimper la demi-douzaine de marches de sa voiture haut perchée. Une fois à bord, vous êtes conduit par un « porter » à casquette à votre cabine privative, dans laquelle il a déjà préparé la couchette agrémentée d’une couette moelleuse et d’un petit chocolat déposé avec tendresse sur l’oreiller. C’est du moins le cas lorsque vous avez le privilège d’appartenir à la caste enviée des « sleepers » pourvus d’une chambrette avec toilettes et petit lavabo. (…)

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Photographe : Christophe Migeon
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Écrit par
Christophe Migeon
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