Tigran Hamasyan (Arménie)

Vous avez commencé à jouer du piano à l’âge de 3 ans. Comment expliquez-vous cela ?

Ma mère jouait un peu de piano. Mon père était un fan de rock, notamment de Black Sabbath et de Led Zeppelin ; mon oncle appréciait plutôt le jazz, il m’a fait écouter Herbie Hancock, Miles Davis… Moi, j’ai commencé à reproduire ce que j’entendais, à l’oreille. Mes parents ont un film qui me montre en train de jouer du Led Zeppelin à 4 ans.

Votre nouvel album s’intitule An ancient observer. Qui est ce « vieil observateur » ?

C’est moi. C’est la neige éternelle du mont Ararat qui nous regarde. C’est vous. C’est tous ceux qui sont capables d’observer le monde, comme les photographes, les cinéastes, les peintres. Lorsque je me réveille et que je sors sur le balcon, je vois le mont Ararat. La vue est encombrée de câbles électriques, d’antennes satellites, de nouvelles constructions très laides, d’anciennes maisons. Ce que je vois, ce que vous voyez alors, c’est le temps. C’est une expérience existentielle : vous voyez une montagne qui est là depuis des millions d’années et vous réalisez que des gens qui vivaient 4 ou 5 siècles avant vous dans cette vallée voyaient le même paysage. Ils l’ont peint sur des poteries d’argile. Ces poteries sont tout ce qu’il reste des personnes qui nous ont précédés, mais elles nous connectent à elles et à leur art de l’observation.

Un lieu où capter l’âme arménienne ?

Pour écouter des musiciens traditionnels uniques, allez dans les villages au pied du mont Arates. Ils sont incroyables, mais seuls les musicologues les connaissent. Plus près d’Erevan, il y a une série de monastères au bord d’un canyon et je conseille ceux de Hovhannavank et de Saghmosavank. À Saghmosavank, j’ai eu une expérience unique. Il y a là une énergie magique liée au paysage, au calme.

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Écrit par
François Mauger
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