Timbuktu – César du Meilleur Film…

Une pluie de Césars vient de récompenser Timbuktu, le film d’Abderrhamane Sissako. Laurent Delmas en parle dans le dernier A/R.  

Scandaleusement reparti bredouille du dernier Festival de Cannes, ce film dresse le terrible portrait d’une ville africaine qui tombe sous la coupe de l’extrémisme religieux le plus radical. Le cinéma est parfois un sport de combat particulièrement efficace.

Parfois les scènes les plus simples demeurent gravées à jamais dans l’esprit du spectateur. C’est assurément le cas de cette partie de football entre des adolescents de Tombouctou qui a l’extrême singularité de se dérouler à merveille, mais sans… ballon ! Ainsi va le fondamentalisme religieux le plus aveugle qui interdit le jeu au motif qu’il divertirait de l’essentiel. Abderrhamane Sissako, en cinéaste inspiré qu’il est, tire le meilleur de cette chorégraphie surréaliste de corps juvéniles qui se disputent un objet virtuel. Formidable moment de résistance joyeuse, ludique et transgressive, formidable métaphore d’un gouvernement des esprits qui échoue quand le virtuel entre en action. À Tombouctou, comme ailleurs, quand des intégristes radicaux occupent le devant de la scène, il est bon que le « spectacle » continue, non par l’énergie du désespoir, mais au contraire par l’affirmation que,  malgré tout, le ballon continue de circuler. Tout le film est ainsi constitué de scènes, dont certaines bien plus cruelles, qui visent à dire notamment que les images, et donc le cinéma, peuvent s’opposer à ces tristes figures qu’obsèdent la circulation d’un ballon aussi bien que l’asservissement des femmes et la loi du Talion. C’est la raison pour laquelle, il est de toute première nécessité de voir Timbuktu !

Laurent DELMAS /France Inter « Le film qui…, le film qu’on… », le samedi à 06h55 « On aura tout vu », le samedi de 10h. À 11h Le blog, sur Franceinter.fr

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Laurent Delmas
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