A bord de l’Eastern & Oriental Express

Parmi toutes les façons de rallier Bangkok au départ de Singapour, il en est une plus luxueuse, plus chic, plus lente et plus gastronomique que toutes les autres. Cette façon tient en trois mots : Eastern & Oriental Express, et en vingt-trois voitures tirées par une locomotive placide. En voiture !
Toc, toc. J’entrouvre mollement un œil. Quelques secondes passent puis de nouveau ce toc, toc contre la porte de ma cabine. Cette fois, je me redresse sur un coude et grommelle un yes qui voudrait passer pour un non. Raté. Aussitôt, Panapong entre en lançant un « Good morning Mr. Zadar ! » qui ne laisse aucune chance à la nuit. Panapong est le steward de la voiture H de l’Eastern & Oriental Express dans lequel j’ai le privilège de voyager pour rallier Bangkok au départ de Singapour. évidemment, je suis tout sauf pressé sinon j’aurais pris l’avion. Il suffisait de deux heures de vol or je n’arriverai pas avant cinq jours dans la Cité des anges, Krung Thep pour les Thaïs. Après avoir tiré les rideaux et remonté les stores, Panapong a déposé sur un fauteuil le plateau du petit-déjeuner. À genoux, il verse le thé vert que j’avais commandé la veille en remplissant un petit formulaire laissé à mon attention sur la couchette. À côté, il y avait aussi un carton qui m’invitait dans des termes d’une extrême courtoisie à prévoir pour l’excursion du lendemain à Kuala Lumpur, des vêtements légers, des chaussures légères elles-aussi, confortables de préférence et un chapeau pour se protéger du soleil. Toutes ces prévenances à coups de cartons pour inviter les passagers à faire ceci et cela font le charme de l’E&O. Hier, il y avait eu le tout premier qui me conviait à une réception de bienvenue à 19 heures au piano-bar en précisant « tenue de soirée exigée ». (…)
Photographe : Alex Crétey-Systermans
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Écrit par
Albert Zadar
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