Joburg s'exAfrique du Sud : un club de Joburgpose : rencontre avec les artistes "born free" de Johannesburg - A/R Magazine voyageur 2018
Afrique du Sud : un club de Joburg Crédit : Jérémy Suyker

Drague en Afrique : un art qui s’apprend

Voir de charmantes jeunes filles vous sauter dessus, cela peut paraître agréable au début. Mais si vous voulez juste boire un coup, cela devient vite pesant d’être vu comme une proie. Proie dont l’intérêt réside évidemment moins dans le sex-appeal que le portefeuille ou le visa (les prostituées ne sont pas l’objet de notre propos). À défaut d’ôter le costume de blanc friqué qui vous colle à la peau, vous pouvez au moins limiter les malentendus.

« Payer l’hôpital à la grand-mère »

Par exemple, sachez ce qui vous attend, si au lendemain d’une rencontre en discothèque, vous vous baladez en ville avec votre conquête. Alain Epelboin, anthropologue au Muséum d’histoire naturelle de Paris, et spécialiste de l’Afrique centrale et de l’ouest, nous explique : « si vous êtes vu en public, ou par la famille, vous mettez le doigt dans un engrenage qui implique des obligations ». En clair, si vous ne voulez pas être vu comme un radin, il vous faudra payer l’hôpital à la grand-mère, ou le resto à l’oncle, ou le vélo au petit frère… Ce n’est pas considéré comme des cadeaux et encore moins comme du racket, mais simplement comme « des dons légitimes », car il y a l’idée que «  faire l’amour et se marier c’est la même chose ». On ne vous prend donc pas forcément pour un pigeon, et « ce serait pareil si la fille sortait avec un Africain ».

« Se moquer de celui qui a un petit sexe ou qui n’assure pas »

Quant à ceux qui voudraient se limiter aux relations sans engagement, un autre danger les guette : l’humiliation publique. Alain Epelboin conseille « de réserver ce type de sexualité à ceux qui sont très sûrs de leur sexe, car la fille pourra facilement se moquer de celui qui a un petit sexe ou qui n’assure pas. Il y a des hommes fragiles qui peuvent en être traumatisés ». Pour éviter tout désagrément, la meilleure solution est donc de refuser les avances. Mais ce n’est pas toujours facile, et Alain Epelboin a trouvé la parade : « je dis que je ne suis pas circoncis, ça dégoûte généralement les filles qui me laissent alors tranquille » (conseil évidemment valable dans un pays qui pratique la circoncision rituelle).

Enfin, si tout cela vous semble un peu compliqué, et que vous voulez à tout prix vous marier avec une Africaine, sachez que vous pouvez le faire depuis votre canapé en répondant aux petites annonces du Chasseur français, très courues par la gent féminine subsaharienne désireuse de découvrir le terroir français. Mais question égalité, ce n’est pas non plus la panacée.

© photo de une : Jérémy Suyker

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Écrit par
Antonio Fischetti
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