Cuba – Patrie, cigares et vieux capots

Comment débarquer aujourd’hui à Cuba sans s’empêtrer dans la toile gluante des mythes nationaux ? Peut-être justement ne faut-il pas se débattre, peut-être faut-il se laisser tranquillement happer par la fable des révolutionnaires barbus et se soumettre à leur Sainte Trinité : cigares, vieux rhum et salsa.   

À peine débarqué de son Airbus, le voyageur dans son taxi se vautre avec volupté dans la contemplation de ces slogans gaillards qui ont su pendant des années motiver une jeunesse enthousiaste à coups de pompes dans le derrière et qui désormais sont à Cuba ce que les petits poulbots sont à Montmartre : « Hasta la victoria sempre », « La Revolucion es invincible » et autres  « Patria, socialismo o muerte » font frissonner d’aise le touriste allaité dès le plus jeune âge aux mamelles capitalistes. Le socialisme cubain a beau être aujourd’hui dans la dèche, comment ne pas s’extasier sur l’odyssée de cette poignée d’hommes débarqués d’un yacht en décembre 1956 dans le sud de l’île et qui moins de deux ans plus tard entrent en vainqueurs à La Havane. Des 82 guérilleros des débuts, le marketing national n’en a retenu que trois : Fidel, celui à la casquette, Cienfuegos, celui avec le chapeau et le Che, celui avec le béret. Saint Guevara, icône inaltérable et inaltérée de la Révolution, grand bouffeur d’impérialistes et autres valets de Wall Street, est devenu – ô délicieux paradoxe – un pur produit merchandising, une marque au succès planétaire, qui se décline du porte-clefs au T-shirt en passant par l’éventail et le briquet. (…)

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Photographe : Christophe Migeon
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Écrit par
Christophe Migeon
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