Irlande du Nord – Les fantômes du passé

Longtemps Belfast ne s’est pas vantée d’avoir construit le Titanic. Le voilà aujourd’hui à l’honneur avec l’ouverture d’un musée à son nom. Visite d’une ville où les spectres du passé refont surface.
Peu importe la météo, ce sont eux que l’on remarque en premier : les deux immenses portiques jaune pétard marqués « H&W » se détachent avantageusement sur le ciel, qu’il soit d’un bleu fraîchement délavé par le dernier grain ou barbouillé comme un estomac gorgé de Guiness. « H&W » pour Edward Harland et Gustav Wolff, les deux compères qui eurent la bonne idée en 1854 de lancer les chantiers navals qui pendant longtemps allaient faire battre le cœur industriel de Belfast. « Je préfère dire aux touristes que c’est l’abréviation de Hello and Welcome » remarque avec un sourire malicieux le chauffeur de taxi. Billy Scott connait tout de sa ville. Il vous dira par exemple qu’un Norvégien, un certain Fred Ollson vient de racheter les chantiers qui n’emploient plus que 160 personnes. Il vous dira aussi que plus de 20 000 emplois devraient être créés sur les 20 prochaines années. Et puis il rajoutera, parce qu’un Irlandais, qu’il soit du Nord, du Sud ou de n’importe quel autre point cardinal, a du mal à garder son sérieux plus d’une minute : « Pour la qualité de l’accueil, il serait préférable de ne pas mettre les initiales du nouveau patron « FO » sur les grues à la place du H&W. Fuck off (allez vous faire foutre, ndlr) c’est tout de même moins sympa ! »  (…)
Photographe : Christophe Migeon
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Écrit par
Christophe Migeon
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