LE MONASTÈRE DU VERTIGE – petite tocade catalane (4)

Loin des hommes, plus près de Dieu. C’est sans doute ce que s’est dit une poignée de Bénédictins exaltés lorsqu’ils sont venus fonder ce monastère au fin fond de la vallée de Tenas à une quarantaine de kilomètres de Barcelone. Dès 997, ils viennent creuser à coups de pioche une église troglodytique dans la falaise calcaire. Les arcs romans d’origine y côtoient aujourd’hui les voûtes gothiques aménagées lors de l’agrandissement du XVe siècle. Devant l’autel, des dalles mortuaires abritent les os blanchis de pieux abbés. La semelle s’y pose avec émotion. Dans une niche trône un
reliquaire en céramique orné d’une inscription en arabe « Il n’y a pas d’autre dieu que celui qui est au ciel », aphorisme raisonnable sur laquelle chrétiens et musulmans devraient au moins pouvoir s’entendre. Les bons moines s’en sont allés en 1874, poussés dehors par le mouvement de « Désamortissement » ou « Désamortisation » qui tout au cours du xixe siècle met aux enchères publiques les biens de l’Église et des ordres religieux. Aujourd’hui le prieuré du xve n’accueille plus que les mariages et les banquets. Tout autour, l’eau infiltrée dans la montagne s’évade avec fracas de sa prison de calcaire et jaillit en chutes, cascades et torrents vrombissants. Le nom Fai, d’origine franque, signifie « saut d’eau » et fait référence à cette frénésie aquatique. Avant de surgir de la falaise, l’eau en a sculpté l’intérieur et abandonne derrière elle de fraîches cavernes ornées de stalactites et de draperies. Un circuit à flanc de montagne mène de la grotte de Sant Miquel à celle de la Tosques en passant par un petit ermitage. Un environnement grandiose qui incite à l’amour, pas forcément du Divin. Le site de Sant Miquel del Fai est l’un des endroits favoris des amoureux catalans pour faire leur demande… Lire la suite dans AR32

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Écrit par
Christophe Migeon
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