TDCDM : une nuit au Nana Plaza en Thaïlande

Une nuit au Nana Plaza en Thaïlande

Nana signifie « grand-mère » en hindi, « lieu de rendez-vous » en thaï, et désigne le chiffre «sept» au Japon… Concernant le lieu qui nous intéresse, il s’agit en fait du nom des propriétaires du quartier. Ironie du sort, la Nana family possède l’une des rues de Bangkok vouées… aux filles. Officiellement, c’est la Soi 3 de Sukhumvit Road. Pour s’y rendre en métro, il faut descendre à Nana Station, bien sûr.

Par le plus grand des hasards, mon hôtel de charme se trouvait à l’autre bout de la Soi. Un panneau stipulait « Sex tourist not welcome». J’ai vite compris pourquoi : sur le chemin, les tentatrices alignées en rangs d’oignons, dans leurs mini jupes affriolantes, m’interpellaient avec des « massage ! massage ! » (en appuyant sur les « A » de leurs voix charmantes). Pourtant, l’atmosphère générale n’incitait pas à la gaudriole. La rue aux trottoirs désossés, égouts à ciel ouvert, était jonchée de sacs- poubelle lacérés. Les rats y batifolaient, sans déranger pour autant la clientèle des stands de street food, venue déguster saucisses roses, rognons de porc et larves frites (recommandées pour faire passer la bière).

Quant au Plaza qui a fait la renommée de la rue, il s’agit d’un adult playground, entendez par là un « terrain de jeu » dédié à toutes sortes d’activités interdites aux enfants, par exemple boire des bières en reluquant des créatures dévêtues. Je précise « créatures » car certaines ne sont pas vraiment des filles, malgré leur plastique aguichante. Ici, on les appelle lady boys, ce qui somme toute résume bien leur hermaphrodisme. Un autre genre de créature sexuellement moins équivoque hante les lieux : le retraité australien en tongs et bermuda, abonné à la Tiger beer et au Viagra, reconnaissable à la profonde lassitude qui se lit sur son visage en sueur. Comme le mien. Le lecteur ayant eu l’indulgence de lire nos épisodes précédents le sait : j’ai beau être un grand voyageur, je suis plutôt du genre cordonnier mal chaussé. J’ai donc atterri dans le pays en pleine saison des pluies. Entre l’extrême moiteur ambiante et les averses torrentielles, difficile de savoir ce qui mouillait le plus mes vêtements.

Le Nana Plaza a beau s’autoproclamer «Land of Smile», on vous fouille à l’entrée, sans grande conviction. Puis vous vous retrouvez plongé dans une foule interlope composée d’Australiens, donc, de Japonais, de Chinois et d’Arabes du Golfe venus s’encanailler (on s’amuse moins à Dubaï), sur fond de techno tonitruante. Sur les trois étages en mezzanines du complexe, il y en a pour tous les goûts, du Geisha Club au Temptations bar : danseuses nues se trémoussant dans un bain moussant, striptease de gogo dancers ou « coyotes » en bikini, allumeuses professionnelles qui vous font consommer, mais que l’on ne consomme pas… Sans oublier les lady boys élancés aux faux yeux bleus (des verres de contact), qui vous saisissent l’entrejambe en susurrant «blow job» (je ne traduirai pas, par pudeur).

J’en suis ressorti étourdi et nauséeux, avec un début de migraine. Était-ce la Tiger, le décalage horaire, la cacophonie ou la moiteur ? Le lendemain, j’ai retrouvé mes esprits à Thonburi, l’ancienne capitale sur pilotis, en sillonnant ses canaux en bateau à « longue queue ». Un autre genre de tradition locale.

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Écrit par
Michel Fonovich
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