Otto Wagner, architecte de la Vienne 1900 - A/R Magazine voyageur 2020

Otto Wagner, architecte de la Vienne 1900

C’est une station de métro pimpante comme un pavillon de bain. Sa structure en fer est peinte en vert clair, les dalles de marbre en façade sont décorées de tourne- sols dorés. C’est la charmante station Karlplatz (1898) à Vienne qui a fait beau- coup pour la réputation d’Otto Wagner même si elle n’est pas vraiment représentative. Le style du grand architecte de la fin du XIXe siècle en Autriche était plutôt épuré. En témoignent ses autres stations de métro (des vrais petits monuments assez sobres), les immeubles de «rap- port », les villas qu’il se construit… même s’il ne craint pas les statues monumentales ou les décorations de métal forgé, le nouveau matériau de l’Art nouveau qui apparait à cette période dans toutes les capitales européennes.

L’exposition présentée à Paris, après Vienne, donne à saisir l’extraordinaire créativité de l’architecte. Si pendant longtemps il échoue dans les commandes publiques (trop en rupture, trop provocant…), il est peu de domaines qu’il n’ait pas abordés. Otto Wagner est un professeur respecté, un urbaniste influent, un conseiller de la compagnie des métros et un réputé théoricien de l’architecture moderne. À ses moments perdus, il des- sine des meubles, des décors, des services à café… Bref c’est une figure majeure de la Vienne 1900.

Aujourd’hui encore on peut faire un véritable « parcours » Wagner dans la capitale autrichienne, mais il faudra visiter l’ex- position pour découvrir les magnifiques dessins qui ont été conservés par le Wien Museum, souvent pour des projets qui ne seront jamais construits. En 1899, Otto Wagner rejoint le fameux groupe « Sécession » qui rallie les artistes rebelles ; il le quitte en 1905. Au fond, il s’est déjà imposé comme un maître et a fini par obtenir sa place sur le Ring, le boulevard le plus prestigieux de la capitale. Il va y construire une de ses œuvres maîtresses : la Postsparkasse ou Caisse d’épargne de la Poste (1904-1906) où il impose une façade qui associe le marbre à l’aluminium. La monumentale salle des guichets est éclairée par une double verrière. Otto Wagner meurt en 1918, avec l’Empire austro-hongrois dont il avait façonné la capitale. Cent après, la Postsparkasse reçoit toujours ses clients dans la banque devenue monument historique.

Otto Wagner jusqu’au 16 mars 2020 à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris : www.citedelarchitecture.fr

Circuit art nouveau à Vienne : www.wien.info/fr

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Écrit par
Jean-Luc Eyguesier
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