Tourisme de la désolation – Ambroise Tézenas

« Visitez le site du pire désastre environnemental de l’histoire, venez découvrir les dégâts du tremblement de terre de Wenchuan, le plus meurtrier de l’histoire contemporaine… » Toujours à l’affût d’inédit, les agences de voyage misent désormais sur la découverte de sites ayant subi les pires catastrophes, connu les plus grands malheurs. Les Anglo-Saxons appellent cette nouvelle tendance le tourisme noir. Le photographe Ambroise Tézenas se trouvait au Sri Lanka, lors du tsunami le 26 décembre 2004. Pendant une semaine, il a vécu avec l’odeur des cadavres. Quelques années plus tard, il apprend qu’un train couché dans la jungle de l’île depuis ce jour tragique est devenu un lieu de pèlerinage pour certains et de curiosité pour d’autres. Mal à l’aise, il décide alors d’aller explorer les lieux de mémoire marqués par le désastre comme n’importe quel touriste. Dans ses images de Tchernobyl, Auschwitz, d’Oradour-sur-Glane, du musée du Génocide au Cambodge ou du circuit commémoratif du génocide au Rwanda, la mort toujours plane. Les textes introductifs des différents sites sont extraits tels quels des brochures d’agences ou d’office du tourisme. Un tour opérateur de Cracovie affiche sur ses bus « Auschwitz ? Avec un ticket retour ? Depuis le centre-ville ? Oui, c’est possible. » Faut-il en rire ou en pleurer ?

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Écrit par
Sandrine Mercier
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